mardi 25 mai 2010

c'est marrant comme les stages réveillent les vieux souvenirs

Pas forcément les plus agréables. Je ne sais pas le manque de sommeil, les défenses qui se lèvent parce qu'on se sent en sécurité... J'aimerais trouver les éléments déclencheurs de ses moments.

Là, depuis quelques minutes, je pense à Christophe. C'est le mois où il est mort. Il avait vingt ans. Mon âge. Enfin mon âge à l'époque. Je passais le code avec lui. J'étais avec lui en classe depuis le CE1 je crois. Je ne crois pas qu'on soit entrés à la grande école ensemble. Il n'était pas en maternelle avec moi, ça j'en suis sûre.

Le type de gars que tu envies. Une tête justement (une des rares ou la seule que j'ai rencontrée dans ma vie).

On apprenait à conduire ensemble. Bien qu'il conduise une moto depuis un moment (un truc sans permis à l'époque, je suppose), il ne connaissait pas les panneaux de signalisation. Bizarrement, il ramait pour le Code même sur des panneaux de base et ce n'était pas pour faire des blagues à deux balles, il ne faisait pas semblant de ne pas savoir. Il ne savait pas.

Un garçon super sympa avec tout le monde. L'ado puis l'adulte gentil avec tout le monde parce qu'il n'a rien à prouver à personne vu qu'il sort avec des bombes et donc ne se moque pas des non bombes.

Toujours à faire des blagues à la con. Mettez néanmoins dans cette phrase. Je me rappelle de la question de la prof de français au collège. Réponse : il a eu un accident, il a le nez en moins.

Je me souviens que j'étais malade de surmenage quand il est mort. C'est con le surmenage. Du coup, mes parents ne m'avaient rien dit. Du coup, je me suis rappelée aussi de ce moment où une commère, amie de ma mère, qui avait été le reconnaître à la morgue a recompté par le menu ce qu'on lui avait montré du corps. Je me souviens que j'avais envie de pleurer, comme en ce moment, comme dimanche en stage. Je me rappelle de ma phase de colère. Putain, rouler bourré sur la VRU et doubler à cet endroit c'est trop con quand tu as deux charmantes (je les imagine charmantes) avec toi en voiture et que tu les emmènes dans la mort, que tu envoies le gars d'en face à lyon je crois que c'était une femme le gars en question...

Je me rappelle des profs de l'auto école qui se battaient pour ne pas l'avoir en cours parce qu'ils flippaient en voiture avec lui. Je me rappelle qu'ils flippaient avec moi aussi mais pour d'autres raisons.

Et cette colère de te dire merde c'était sûr faut être vraiment trop con.

Du coup, ensuite, tous tes morts remontent, celui qui a brûlé en voiture et pour qui on a joué la dernière séance parce que c'était sa chanson préférée et que depuis ta mère ne peut plus entendre la chanson sans y penser ou en parler de Pascal, grillé dans la voiture avec ses parents en revenant de vacances.

Je pense à une fille dont j'ai oublié le prénom et qui s'est noyée l'année de la mort de Claude François mais en juillet. Du coup je mélange les mois des deux.

Puis après tout plein d'événements remontent. Que des moments dans le genre glauque. Alors tu te mets à pleurer comme une madeleine. Et tu fais le bilan des éléments que tu peux partager sur ton blog.

Tu ne sais pas pourquoi. Le poids ne sera pas moins lourd. Les autres s'en foutent, ils ont leurs propres cadavres dans leurs propres placards... Leurs propres fantômes et douleurs...

Et là, tu as toujours quelqu'un qui te dit d'aller chez le coiffeur, que ça te fera du bien. T'as envie de lui dire que bof le mec ou la nana qui épilogue à haute et intelligible voix sur tes cheveux gras et trop souples pour faire une permanente, ça te rend pas super l'estime de toi. Que tu cherches la voix pour te refaire confiance autrement. Que tu fais des efforts, qu'un jour c'est sûr tu seras la personne qui la ramène et va faire la nouvelle star avec une voix de merde en croyant être une diva... Mais qu'en fait, putain, tu t'aimes quand même bien comme t'es parfois, même si tu te poses trop de questions, si tu manques de confiance, si ton corps n'est que le véhicule malcommode de ton cerveau. Que tu aimerais, que tu essaies, que tu avances, que tu as le droit de le faire à ton rythme (même si tu n'as pas le rythme dans la peau et que t'es pas bien coordonnée). Que t'aimerais faire de la danse, de la gym mais avec un prof particulier parce que t'es l'archétype du bon élève pas doué en sport.

Mais t'es contente qu'on t'écoute, qu'on te console. T'as sûrement pas besoin qu'on te plaigne. T'as besoin qu'on te comprenne. Qu'on sache ce qui fait de toi ce que tu es. Alors pourquoi tu pleures comme une madeleine sur ton passé ? Il t'a bâti, tu ne peux rien y changer. Tu ne veux pas le creuser. Tu voudrais juste trouver le déclic pour qu'il ne remonte pas n'importe quand. Que tu puisses dire pouce. Ou alors que tu puisses le caler à une date où tu t'isoles et tu te caches pour pleurer...

Bon j'espère que personne n'a eu le courage de lire. C'est volontairement long et indigeste et le plus important n'est pas dans le message...

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